Page:Poitevin - Dictionnaire de la langue française, 1855, A-G.djvu/15

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PREFACE.

Au moment où nous soumettons notre travail à l’appréciation du public et au jugement du corps enseignant, nous devons dire tout d’abord quel est le caractère de ce livre, et en quoi il diffère et se distingue des autres, ouvrages du même genre.

Nous désirons qu’il n’y ait de surprise pour personne, et nous voulons que chacun, avant même d’ouvrir ce volume, sache exactement à quoi s’en tenir.

Est-ce un dictionnaire complet que nous avons la prétention d’offrir au public ? Oui, si l’on entend par là un catalogue fidèle de tous les mots indispensables à l’expression de la pensée, de tous les termes que l’usage a admis et consacrés, de toutes les locutions en harmonie avec l’esprit et le génie de notre langue ; non, si, au contraire, on a en vue une nomenclature minutieuse et servile de tous les termes, quels qu’ils soient, sans distinction d’origine et de localité.

Dans un Glossaire de la langue écrite et parlée, tout ce qui s’imprime et se dit a-t-il le droit d’être admis ? La langue de Corneille, de Racine, de Molière, de La Fontaine et de Voltaire doit-elle s’y trouver confondue avec celle des vaudevillistes et des romanciers ; et celle de Pascal, de Bossuet, de Fénelon, de Sévigné et de Montesquieu, avec le jargon et la phraséologie modernes ? Incontestablement, non.

Aujourd’hui la véritable langue française, à part quelques conquêtes heureuses, est encore la langue du dix-septième et du dix-huitième siècle. Tout ce qui s’éloigne des formes nettes, vives et hardies que le génie, l’esprit et le goût ont successivement consacrées dans ces glorieuses époques, n’est qu’accidentel et passager : en tenir un compte sérieux, ce serait, de la part d’un lexicographe, exagérer et très-mal comprendre son devoir.

Nous n’avons pas cru cependant qu’il fût possible de nous renfermer d’une manière exacte dans la nomenclature que l’Académie a adoptée il y a seize ans ; il nous a fallu tenir compte des termes nouveaux, mais définitivement acquis, dont notre vocabulaire s’est enrichi depuis cette époque : toutefois, nous ne nous sommes permis aucune addition sans nous appuyer, ou sur un écrivain célèbre de cette illustre compagnie, ou sur tel autre dont l’autorité ne peut être contestée.


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