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Page:Poitevin - Dictionnaire de la langue française, 1855, A-G.djvu/17

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PRÉFACE. vij

ainsi M. Chapsal, qui en 1826) avait publié à Toul, chez J. Carez, un mince vocabulaire qu’il avait décoré du nom de Nouveau Dictionnaire de la langue française, titre emprunté à Laveaux, s’empressa, aussitôt après la mort de celui-ci, de grossir son livre de 844 groupes de synonymes, dont 750 sont ou la copie servile ou la reproduction travestie du travail de ce grammairien (1) [1].

Nous ne voulons pas insister sur ce point. Il nous suffit pour le moment de protester contre un pareil plagiat, et de restituer à un littérateur laborieux et estimable, sinon sa propriété, dont la spéculation s’est emparée, du moins le mérite de son oeuvre.

Les chiffres que nous donnons prouvent que nous avons étudié avec une certaine attention le Nouveau Dictionnaire qui depuis vingt ans circule dans nos écoles, à l’abri du nom universitaire de M. Noël : nous pourrions dès à présent signaler une foule d’articles aussi étranges que curieux, au double point de vue de la grammaire et de la morale ; mais comme, par suite de notre publication, ce livre peut se montrer bientôt sous une forme plus convenable et plus décente, et que d’actifs travailleurs l’ont peut-être déjà en partie revu et corrigé, nous préférons attendre. Après avoir justement réclamé pour Laveaux, nous nous ferons un devoir, s’il y a lieu, de réclamer pour nous : ce sera notre droit, et nous en userons. Un hommage dont nous sommes très-peu fier nous a été rendu pendant le cours même de la publication de notre ouvrage ; on nous a fait, livraison par livraison, les honneurs de la contrefaçon. La loyale industrie de Bruxelles s’est enrichie, aux conditions les plus économiques, d’une partie de notre propriété littéraire ; mais, comme il est dans ses habitudes de gâter tout ce qu’elle touche, elle a défiguré ce livre, faute de n’en avoir compris ni l’intention ni l’esprit. Quelques additions aussi maladroites que malheureuses fourniront sans doute, à celui qui nous a dépouillé, le prétexte honnête de dire qu’il nous a enrichi. Nous nous y attendons.

Pour que ce Glossaire ne laissât rien à désirer, même au point de vue historique, nous l’avons fait précéder d’un tableau synoptique des membres de l’Académie française depuis sa création, et de la liste de tous les grands écrivains des deux derniers siècles. Ainsi, grâce aux nombreuses citations dans lesquelles ils revivent, et aux exemples empruntés à nos orateurs, à nos poètes et à nos moralistes contemporains, ce livre peut être offert comme le résumé le plus fidèle et le plus complet, non-seulement de la langue littéraire et classique, mais encore de l’esprit, du sentiment et du goût français.

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  1. En voici un simple échantillon : « APPRÊTER, PRÉPARER, DISPOSER. On apprête pour ce qu’on va faire ; « on prépare pour être en état de le faire ; on dispose pour s’arranger à pouvoir le faire. » (NOEL ET CHAPSAL, dernière édition,1851.)