importe au maître que son cheval s’éloigne ou non du type de beauté artistique, ce qu’il demande, c’est qu’il devienne plus apte au service qu’il veut exiger de lui. Pour opérer ces divers changements, l’intervention seule de l’homme ne suffit pas, il faut que la nature lui vienne en aide par la force de ses moyens ; mais, comme on l’a dit quelque part, le génie de l’homme, fécondé par la science, va jusqu’à diriger les travaux de la nature, jusqu’à lui faire perfectionner l’œuvre de Dieu, dans le sens de ses intérêts, de ses plaisirs ou de ses caprices. Or, tout le monde sait que ces mêmes intérêts, ces plaisirs et même ces caprices varient pour ainsi dire à l’infini, ou pour parler en rapport avec la circonstance, que les divers services et les autres agents modificateurs auxquels sont soumis les animaux, existent en très grand nombre ; aussi le cheval doit-il changer de caractères pour remplir avec toute la perfection désirable, les diverses conditions qu’exigent les services auxquels il est employé, et que commandent les puissances modificatrices qu’on fait agir sur lui.
Pour bien comprendre la beauté du cheval, il ne suffit pas d’un coup d’œil d’ensemble ; on doit, au contraire, analyser chacun de ses caractères jusque dans ses moindres détails, il faut remonter des effets aux causes : ainsi, par exemple, lorsqu’on voit un animal effectuer un mouvement souple et gracieux, ou bien déployer une force extraordinaire, on doit rechercher les diverses manières d’être qui commandent ce mouvement, qui produisent cette force ; lorsqu’on connaîtra la disposition la plus propre à faire exécuter un effet demandé, c’est elle que l’on devra considérer comme constituant la véritable beauté chez le sujet en question. Il faut se rappeler que le cheval est une machine animée dont la force est appelée à être mise à profit toutes les fois que besoin est, et que, par conséquent, la puissance et la qualité de ses formes doivent