Page:Poitras - Refrains de jeunesse, 1894.djvu/21

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Ah ! je compris alors mon aveugle imprudence ;
Ce baiser que j’avais puisé dans l’espérance,
Oui, qu’il t’a fait rougir !
Et de te voir ainsi mon âme fut peinée ;
La fleur que j’avais mise à ton sein s’est fanée
En me voyant pâlir ;

Et je cherchai longtemps à racheter ma faute,
En te disant des riens, quand, marchant côte-à-côte,
Nous longions le buisson.
Hélas ! ce fut en vain, tu demeuras muette,
Ni ma voix, ni le chant de la tendre fauvette,
Ne me donna raison.

Ton regard demi-clos se voila de mystère,
Et je vis, hésitants, au bord de ta paupière,
Scientiller deux gros pleurs.
Pourquoi, pourquoi pleurer, quand peut-être, à cette heure,
Un ange se penchant du haut de sa demeure
Souriait à nos cœurs ?