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Page:Poitras - Refrains de jeunesse, 1894.djvu/6

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Seulement cette poésie est, suivant les individus, plus ou moins extérieure, plus ou moins communicative, résonne plus ou moins sonore, rayonne plus ou moins loin, avec plus ou moins d’intensité.

Seule, cette échelle aux milliers d’échelons nous sépare des grands poètes, de ceux dont le charbon ardent a touché la lèvre, de ceux dont le front est marqué du sceau divin, des immortels prédestinés de la souffrance et de la gloire. Je dis nous, car mon jeune confrère m’en voudrait beaucoup si j’allais le ranger parmi les grands maîtres de la pensée et de la poésie.

Il se contente d’être — et c’est beaucoup — un poète sincère, un causeur charmant, un chanteur aimé, un peu timide peut-être, mais connaissant d’instinct le chemin des cœurs, sachant faire vibrer la note discrète de l’émotion intime, et au besoin entonner à pleine voix la claironnée des fiertés et des revendications nationales.

Je salue les Refrains de Jeunesse, et tends une main largement ouverte à leur très sympathique auteur.


LOUIS FRÉCHETTE.