Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/9

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Viens, mon luth ! sous mes doigts viens résonner encore !
Assez, dans mes ennuis, j’oubliai tes accens ;
Assez tu reposas sur la plage sonore
Dont naguères l’écho répondait à nos chants.

Tant que l’amour remplit toute ma destinée,
Tu dormis, solitaire, en butte à l’aquilon ;
Et l’air, qui caressait ta corde abandonnée,
Par pitié daignait seul en réveiller le son.

Eh ! quoi ! me restait-il un regard pour la Muse,
Quand mon âme, jouet d’un orage éternel,
Était comme une mer agitée et confuse,
Où les vents ont troublé toute image du ciel ?

Dans ce flux et reflux d’espérance et de crainte,
De regrets et de vœux, de calme et de fureur,
Quel être peut encor garder la douce empreinte
De ces goûts qu’autrefois avait chéris son cœur ?