Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/218

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Et, n’allez pas, comme un qui serait du Hanovre,
Surtout, me l’effrayer
Avec votre carafe ! Elle croirait, la povre !
Que l’on veut la noyer.

Déridez-la toujours d’une première goutte…
Là… là tout doucement.
Vous la verrez alors palpiter, vibrer toute,
Sourire ingénument.

Il faut que l’eau lui soit ainsi qu’une rosée,
Tenez-vous-le pour dit ;
N’éveillerez les sucs dont elle est composée
Que petit à petit.

Telle, une jeune épouse hésite et s’effarouche,
Quand, la première nuit,
Son mari brusquement l’envahit sur sa couche,
En ne pensant qu’à lui…

Mais, tenez… votre absinthe éclot dans l’intervalle,
La voilà qui fleurit,
S’irise, et passe par tous les tons de l’opale,
Avec un rare esprit.

À présent, vous pouvez la goûter, elle est faite.
Et la chère liqueur
Vous mettra dans l’instant une féerie en tête
Et de la joie au cœur.