Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/52

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Sur celui-ci vous trouverez
La moitié moins d’espèce humaine,
On ne sait quel diable la mène…
Les gens y passent affairés.

Sur celui-là, plus sympathique,
Faut croire — on se tient volontiers,
On y flâne des jours entiers,
On s’arrête à chaque boutique.

À toute heure, et dès le matin,
Vous y constatez la présence
De figures de connaissance…
Enfin, il est un fait certain,

C’est cette absurde préférence
De la foule pour un trottoir.
Je ne pouvais pas concevoir
D’où venait cette incohérence.

Les deux trottoirs ne sont-ils pas
D’une rue — à peu près semblables ?
Aussi longs, aussi confortables ?
Et propres aux mêmes ébats ?

Que leur ligne soit courbe ou droite,
Tous les deux ne tendent-ils point
Au même but, au même point ?
À moins que mon esprit ne boite ?