Page:Ponchon - La Muse au cabaret, 1920.djvu/65

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C’est pour eux, qui meurent de faim,
Qu’il implore un léger service
De votre bon cœur. Puis, enfin…
Il vient de sortir de l’hospice.

Pour que vous ne vous y trompiez,
Il vous exhibe, probatoires,
On ne sait quels crasseux papiers,
Couverts d’illisibles grimoires.

Comme vous devez bien penser,
C’est de la pure faribole ;
Mais, pour vous en débarrasser,
Vous y allez de votre obole.

Et vous vous dites : « Après tout,
S’il a vraiment faim ? » C’est possible,
En tout cas, il a soif surtout :
Je le jurerais sur la Bible.

Dès qu’il a de vous obtenu
Quelques sous, à toute vitesse,
Chez le premier bistro venu,
Il court oublier sa détresse.

Pas plus tard que le lendemain,
Et toujours à la même place,
Il vous tend de nouveau la main,
Étant en la même disgrâce :