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Page:Ponchon - La Muse gaillarde.djvu/78

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Qui promène sa marche lente
Sous la conduite vigilante
De quelque invisible berger.

Déjà, sur les molles collines
Verdoyantes et coralines
Paraît le chevalier Printemps ;
Il est magnifique et frivole,
Il a le teint frais, la chair folle,
Le front ceint de lis éclatants.

Il fait un vacarme du diable,
Mais, de sorte irrémédiable,
Il réveille les endormis ;
Il va, vient et se multiplie,
Se dépense, dans sa folie,
Plus qu’un millier de fourmis.

« Allons, debout, les belles filles !
Dit-il ; hardi, les joyeux drilles !
Aimez-vous, sans perdre un seul jour ;
Je suis le Printemps, ô jeunesse !
Se peut-il qu’on me reconnaisse ?
Aimez, je suis aussi l’Amour. »

Et d’un seul baiser de sa bouche
Il décide la plus farouche,
Dégourdit le plus innocent ;
Les gens, les bêtes et les choses
Se pâment à ses lèvres roses,
À ses yeux purs d’adolescent !