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Page:Poncy - Poésies, vol. 1, 1867.djvu/140

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II


Maintenant te voilà… penché sur le rivage !
Échoué sur le sable ! et la vague sauvage

Sur ton corps délabré

Se venge de ces jours où, pendant la tempête,
Ta proue aux dents de fer éperonnait sa crête.

Te voilà démembré !

De tous côtés le flot t’assiège sans relâche.
Je vois se détacher, sous les coups de la hache,

Tes bordages de bois…

Ils brûleront, peut-être, aux chaumières prochaines
Qui les virent jadis, grands et robustes chênes,

Ombrager leurs vieux toits.

III


Colosse ! à ton aspect j’ai vu pleurer mon père.
Dans ton sein s’écoula sa jeunesse prospère,

Féconde en beaux élans.

Il aime à me conter que, souvent, pauvre mousse,
Sur un fragile pont, il a gratté la mousse

Attachée à tes flancs.

Bientôt de ce vaisseau qui fouilla les entrailles
Des plus lointaines mers, du géant des batailles