Mais elle ouvrit son œil ardent,
Et le pécheur eut beau faire force de rames,
Il eut beau, pour la fuir, violenter les lames,
Tout fut vain : elle avait reconnu l’imprudent.
Quand la fée appela de sa voix de sirène
La barque à la blanche carène
Que les flots emportaient toujours,
Le pécheur répondit : « Tu viens trop tard. À l’ange
Qui s’est donnée à moi, je me dois en échange.
Je ne m’appartiens plus ; cherche d’autres amours. »
Depuis ce jour on dit que, triste, elle médite,
Et qu’une vengeance inédite
Couve en sa poitrine d’airain.
Mais, Seigneur, que vient faire ici la barque blanche ?
La fée, avec transport, vers la voile se penche,
Et sa voix redoutée appelle le marin.
III
« Noble enfant qui, la nuit, pêches
« Le corail de mon séjour,
« Qui dors dans mes algues sèches,
« Respires mes brises fraîches,
« Viens… pour toi je meurs d’amour !