Le peuple, dont l’instinct devine l’avenir,
Par le chemin des mers à flots pressés arrive
Sur cette glorieuse rive
Que la main de Dieu va bénir.
Et puisqu’à ce travail le peuple se dévoue,
Que des dangers qu’il offre en riant il se joue,
Il faut que le pouvoir s’applique à féconder
Le germe qu’au sillon le laboureur dépose,
Et que dans l’œuvre qu’il s’impose
Tout concoure à le seconder.
Et ces plaines qu’hier ravageait sa bravoure,
Mûriront les doux fruits que la lèvre savoure.
Ces marais, réservoirs d’aériens poisons,
Où depuis six mille ans pullulent les reptiles,
Deviendront tous des champs fertiles
Couronnés de blondes moissons.
Et l’étroite gourbi, dont la laideur contraste
Avec l’éclat d’un sol aussi riche que vaste,
Fera place aux hameaux que de braves fermiers,
Pour modérer l’ardeur des brûlantes journées,
À leurs familles fortunées
Élèveront sous des palmiers.
Et, sous ces toits, l’Arabe abritera sa tête
Quand sur lui le désert lancera la tempête