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Où l’essaim attristé des vierges du village
Descendit Isabelle à son dernier séjour.
Le soir brunit les rocs : et Geoffroi le volage
Attend dans son bateau, près du bord amarré,
Que par l’astre des nuits le ciel soit éclairé.

Mais… de ces rochers noirs, qu’envahit la marée,
D’où vient que tout à coup la barque est démarrée ?
Geoffroi des flots bruyants ne peut être vainqueur,
Et le froid de la nuit a passé dans son cœur.
Il sent s’évanouir son courage intrépide ;
Car jamais le bateau ne vola si rapide,
Ni ses membres de bois, que le langage tord,
Sous l’étreinte des flots ne craquèrent si fort.

Ciel ! un fantôme blanc saute dans la nacelle !
— « C’est moi qui t’ai conduit ici. Reconnais-tu
« Celle dont lu souillas les jours et la vertu ? »
Et Geoffroi s’écriait : « Grâce, grâce, Isabelle ! »
Et les flots rugissaient. Et le fantôme blanc
Entraînait sur les mers le pêcheur tout tremblant.

— « Viens, mon tendre Geoffroi, te livrer à la danse
« Dont la foudre et les vents marqueront la cadence !
« Viens ! pourquoi craindrais-tu mes froids embrassements
« Ne te souvient-il plus des suaves moments