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Page:Poncy - Poésies, vol. 1, 1867.djvu/46

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XXVIII
notice

est un talent de vive peinture et de puissante imagination. Il voit de grandes scènes maritimes, son esprit les anime et il nous les peint.

Ce genre, isolé, fatiguerait bientôt : décrire, étonner, ce n’est pas émouvoir, captiver. Le poète, s’il veut qu’on prenne son livre, qu’on le prenne et qu’on le reprenne encore, doit aller au cœur.

Un autre défaut de ce genre, c’est qu’il entraine facilement aux éclats sonores , mais vides, à l’exagération du verbe et de la pensée, à l’emploi de ces paroles bruyantes que Ronsard appelle des paroles piaffées, probablement parce qu’elles retentissent et jettent de la poussière, comme le sabot du cheval qui piaffe dans l’arène.

Yoilà les écueils que je signale à mon jeune poète. Si quelquefois il les a touchés de près, le plus souvent il a su les laisser à distance, il a su être grand par la pensée sans cesser d’être simple par l’expression : témoin, entre autres, cette marine où les flots s’adressent en chœur au rocher qu’ils minent depuis des siècles.

Parfois , au milieu des descriptions les plus élevées,, il a heureusement jeté de ces traits