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Et tandis qu’au repos le monde entier se livre,
Ton regard, du sommeil vainqueur,
Parcourt les cieux profonds, les cieux, immense livre
Qu’à vingt ans tu savais par cœur.
Tu surprends des soleils les ardents hyménées ;
Tu découvres leur grande loi :
Tous ces secrets que Dieu, pendant vingt mille années,
Maître ! connut seul avant toi !

II



Hier, ô maître, Toulon te possédait pour hôte.
Ma famille parlait de loi. C’était le soir.
Qui de nous soupçonnait cette faveur si haute
Qu’à mon humble foyer tu daignerais t’asseoir ?
Ô surprise, ô bonheur ! tu vins. — Ma pauvre mère
Ne put plus contenir sa naïve fierté,
Et tu l’entendis dire à voix basse à mon père :
— « C’est donc beaucoup, un député ! »

Et ma petite sœur oubliant sa poupée,
Nous voyant tous émus sans deviner pourquoi,
Pleurait sur mes genoux, triste et préoccupée,
Insistant pour savoir si j’avais vu le roi.
— « Oui, le roi du progrès ! » — Le peuple ainsi t’appelle.
Et sa bouche d’enfant au timbre pur et frais,
Bégayait ces grands mots tout étrangers pour elle :
— « Arago, le roi du progrès ! »