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Doux ruisseau petit-fils du Rhône,
Changés en serments solennels,
Ces mots que les vents emportèrent,
Dans un baiser d’adieu scellèrent
Nos épanchements fraternels.

Frère, depuis longtemps l’automne
Dépouille l’arbre de nos bords ;
Et mon cœur, qui t’aime, s’étonne
Du long silence où tu t’endors.
La mer gémit sous les rafales.
Nos bois sont livides et pâles.
Nos soleils sont toujours plus froids ;
Et plus de nous l’hiver s’approche.
Et plus je sens que ce reproche
Doit aller réveiller ta voix.

Oui, tous les jours l’hiver s’avance,
Et ta lyre, qui tant nous plaît.
Reste muette, et la Provence
Trouve son poème incomplet.
Et notre prunelle inquiète.
En vain, sur ton ciel de poète.
Attend qu’il brille une clarté.
Que quelque astre nouveau paraisse ;
Car tu l’endors dans ta paresse.
Comme un dieu dans sa majesté !