Page:Poncy - Poésies, vol. 2, 1867.djvu/72

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— 68 — Nous l’avons, sur nos bras, porté dans sa chambrette. Sur son vieux lit de bancs on a couché le mort. Sa femme est idiote. Elle a levé la tête. — « Que de monde chez nous ! est-ce que c’est ma fête ? « Et ce grand paresseux î voyez donc comme il dort ! »

Son fils, un forgeron, noir de suie et de rouille Est arrivé. — Le père avait déjà franchi La porte que sur nous l’éternité verrouille. Il s’est précipité sur la froide dépouille. Couvrant de pleurs ce front par le trépas blanchi.

Heureux qui meurt ainsi, puisqu’il faut que l’on meure! Du fardeau de la vie être ainsi délivré. Embrasser du regard l’amitié qui nous pleure, Mourir sans agonie, être tué sur l’heure. Oh ! que c’est beau ! Pourquoi suis-je donc si navré ?

Pauvre, on s’est cotisé pour lui payer sa bière. Jusque devant la mort l’égalité n’est rien ! Pour le prêtre de Job, de Jésus et de Pierre, De l’argent, ou sinon ni cercueil, ni prière^ De l’argent, ou sinon enterré comme un chien !

Que dirons-nous de lui, ce soir au cimetière?