Aller au contenu

Page:Pons - Sainte-Beuve et ses inconnues, 1879.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

souffler un instant la vie à des cendres éteintes ?

Mais Balzac n’était pas homme à le souffrir. Avec l’insolence d’un nouveau venu qui se pavane sur le devant de la scène, il ne saurait admettre qu’on accorde le moindre souvenir à un mort. N’est-ce pas le voler, écorner sa part de louanges et de coups d’encensoir ?

Sa diatribe ne se relève un peu que vers la fin, lorsqu’elle vise les poésies de l’adversaire, qui étaient, il est vrai, son côté faible, la partie de ses œuvres pour laquelle il avait le plus de tendresse, comme une mère pour celui de ses enfants que la nature a le moins favorisé..

« Les poésies de M. Sainte-Beuve m’ont toujours paru être traduites d’une langue étrangère, par quelqu’un qui ne connaîtrait cette langue qu’imparfaitement. Il a la prétention de comprendre sa poésie, mais c’est une fatuité d’auteur. Sur la fin de leurs jours, Newton et Laplace avouaient qu’ils ne se comprenaient plus eux-mêmes. Il n’y a que des géomètres pour avouer cela. Les poëtes se feraient tirer à quatre chevaux plutôt que de s’abandonner à de pareilles confidences. »