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NOUVEAUX SAMEDIS

Dans ce mime chapitre, qui de nous pourrait lire sans un déchirement de cœur les réflexions éloquentes, suggérées à M. Saint-René Taillandier par un irrésistible rapprochement ?

« On ne peut se soustraire ici à un rapprochement qui contient la plus forte et la plus amère des leçons. A voir l’armée prussienne, si brave, si fière de sa discipline et de ses traditions, se précipiter si étourdiment par les chemins qui aboutissent à léna et à Auerstaedt, comment ne pas comparer ses fautes à celles qui ont causé nos désastres ? Du côté des Français en 1870 comme du côté des Prussiens en 1836, l’histoire signale le même aveuglement. Écoutez ces mots et cherchez de quels acteurs il est question : « A leurs yeux, celte guerre était une affaire d’honneur, qu’il fallait vider sans délai, sans autre considération, sans seconds même. L’emportement fut si aveugle qu’on ne songea qu’à attaquer ; on oublia de se défendre. Ils négligèrent jusqu’à l’armement et l’approvisionnement de leurs forteresses. Tout répondit à celte fougue inconsidérée. La garnison de Berlin en donna le premier signal ; elle partit de cette ville comme une émeute, en tumulte, marchant tout exaltée, criant de joie, se précipitant à une lutte si sérieuse comme les foules enivrées courent à leurs rendez-vous de plaisir et à leurs fêtes ! » — Qui a écrit cela ? C’est Philippe de Ségur, parlant des préliminaires de léna et d’Auerstaedt. Ne dirait-on pas qu’il parle des préliminaires de Sedan de Metz et de Paris ?