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NOUVEAUX SAMEDIS.

Hernani et les Feuille* d’automne, les Orientales et Notre-Dame de Paris, les Fantômes, la Prière pour tous, les Djinns, presque toutes les ballades, certaines pièces admirables des Chants du crépuscule, des Voix intérieures. certaines pages splendides des Contemplations al des M sérahles, le poëte qui, malgré une difficulté réelle à se varier ou à s’assouplir, a pourtant rencontré bien des fuis, à côté du grandiose et du terrible, l’attendrisse ment, l’élégance, la grâce, l’exquise beauté, celui-là peul avoir des égaux, mais non des supérieurs, dans la poésir de son siècle. Il y aurait injustice et folie à ne pas compter — et pour beaucoup — l’influence artistique et littéraire, la part prise à une révolution radicale qui, même tenir toutes ses promesses, a brisé de vieux moules, renversé de vieux temples, coupé et brûlé de vieux arbres, renouvelé l’art, la poésie, le roman, la critique, l’histoire, chargé des palettes, créé des statuaires et des peintres, réhabilité et vengé l’architecture gothique et frappé d’un ridicule indélébile ceux qui persisteraient à préférer le Panthéon à Notre-Dame. Par là, Victor Hugo atteint à la hauteur de ce rôle d’initiateur sans lequel un grand poëte restera toujours incomplet. 11 n’a pas absolument régné, comme Byron, sur les imaginations, et, comme Goethe, sur les intelligences La société, quoi qu’on en dise, lui a résisté et lui résiste : mais l’art moderne tout entier porte l’empreinte de ses griffes léonines. 11 n’a pas conquis les âmes, mais il domine toute cette partie matérielle d visible qui est à la poésie et à l’art ce que la nature extérieure est à l’idéal et à l’infini.