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Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 3e série, 1867.djvu/270

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NOUVEAUX SAMEDIS.

avec cette franchise qui est la plus facile des diplomaties, signent leur traité d’alliance, non plus dans un palais académique, mais sous un chêne et sur un sillon.

Dois-je analyser la Prime d’honneur ? Quelques lignes du moins me suffiront pour en donner une idée. La ferme ou le manoir de Saint-Bertin, situé dans un de nos départements du centre, est en pleine décadence. Le maître du logis, Marc-Antoine Valady, est trop vieux pour travailler ; de ses deux fils, l’aîné, Fabien, enivré de latin, d’ambition, de vanité, de fausse science, est allé à Paris chercher fortune ; l’autre, Armand, retenu dans les limbes d’une éducation à peine ébauchée, passant pour stupide, honteux de sa prétendue bêtise, timide, triste et sauvage, s’étourdit en exterminant tout le gibier du pays. Le vieux Marc— Antoine a eu un frère, qui, après une belle carrière militaire, est mort prématurément, laissant une fille, Hermance, destinée au brillant Fabien et élevée, en attendant, dans un des meilleurs couvents de Paris. Hélas ! tandis que le vieillard est condamné par l’âge et les rhumatismes à ne plus cultiver la Grand-Ferme que par ouï-dire, pendant que Fabien joue à la Bourse et qu Armand tue des lièvres, l’exploitation, livrée à des mains mercenaires que personne ne dirige, arrive à un tel désarroi, que bientôt les laboureurs seront remplacés par les huissiers, qu’il y aura encore des perdrix à la broche, mais plus de pain dans la huche. Pour comble de malheur, Fabien le parisiané tombe entre les griffes gantées d’un faux ami, d’un compatriote perfide, Oscar Mangefer, lequel, fils d’un usurier enrichi dans le voisinage de la