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POÉSIES COMPLÈTES.

Et je vous ai pressé très tendrement la main ;
Avais-je ma raison ou bien étiez-vous folle ?

Mon front semblait baigner dans l’or d’une auréole,
Mon être était gonflé d’un orgueil surhumain ;
Et quand vous m’avez dit, en rentrant : « A demain, »
Je suis parti léger comme un oiseau qui vole.

Aujourd’hui je reviens, d’espoir tout palpitant,
Avec le souvenir de la veille, et, pourtant,
Vos regards sont glacés, votre aspect est sévère.

Ai-je rêvé ? mais non ! c’est la réalité.
Hier, vous avez mis vos lèvres à mon verre ;
Hélas ! n’était-il plein que de l’eau du Léthé ?

LES FANTASSINS
AU MARÉCHAL CANROBERT

Ils sont les fils des preux, de ceux qui, sans haubert,
Sans corselet d’acier, sans jambarts et sans heaume,
A pied, pauvres et nus, quittant le toit de chaume,
Suivaient, la pique en main, l’homme bardé de fer.

Ils sont les fils des preux dont les os, dont la chair,
Dont le sang ont pétri la terre du royaume,
Des vaillants inhumés sans fanfare ni psaume,
Des aïeux plébéiens dont il faut être fier,