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Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/105

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marylka

leurs sabres sur le plancher, ou résonner leurs bruyants éclats de rire, tandis que, de tous les coins des compartiments, disposés en rangs de cabines, s’échappaient de minces spirales de fumée dont le parfum pénétrant se mêlait à une forte odeur de cuir de Russie.

Le conducteur entra, plaça une bougie dans la lanterne. Cette clarté inattendue surprit la jeune fille : elle se frotta les yeux, écarta les mèches folles qui s’échappaient de son petit béret aux ailes de corbeau ; mais, devant les regards à la fois indiscrets et admiratifs de ses compagnons, elle détourna la tête, et, collant son front à la vitre, leur déroba encore une fois sa fine figure pâlie par les larmes, éclairée de deux larges prunelles qui semblaient interroger le vide avec angoisse.

Maintenant les voyageurs s’arrangeaient pour passer la nuit le plus commodément possible. Quelques-uns abaissaient l’espèce de hamac de drap qui forme une sorte de dais allongé au-dessus de chaque banquette, et s’y