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Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/186

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marylka

mais elle sentait bien que tout cela ne l’intéressait plus. Quelque chose était mort entre eux, qui jamais ne renaîtrait plus.

Une troupe de danseurs fit une brusque irruption sur la galerie, venant à cor et à cri réclamer celle qu’on nommait déjà la reine du bal. Quand la foule se fut retirée, emmenant presque de force la jeune fille, et que Voytek se retrouva seul dans la nuit, il lui sembla que toute la vie s’était retirée de lui, et longtemps il revit comme en un rêve les douces prunelles claires, lumineuses comme des étoiles, et il entendit chanter à son oreille la voix si vibrante et si chère en dépit de ses mensonges.

Pourquoi était-elle venue ? par pitié sans doute ! par un reste d’amitié pour celui qui avait été son camarade autrefois. Mais il sentait bien qu’aucun effort, aucune lutte désormais ne la rapprocherait plus jamais de lui, qu’elle était engagée dans une voie fatale dont il était incapable de l’arracher et qu’ils avaient passé tous les deux à côté du bonheur.