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Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/28

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marylka

déchéance. Oui, il avait, dans un élan généreux, sacrifié son avenir, sa jeunesse, le meilleur de son sang ; oui, il avait supporté en martyr dix années de cruelle déportation ; mais tout cela n’existait pas ! il avait été vaincu, sa cause était classée parmi les quelques sublimes folies du siècle, et des morveux d’écoliers discutaient doctement entre eux sur ses utopies politiques et stratégiques. C’est ainsi que s’était consommée la rupture entre lui et les siens, et cette déception avait été si terrible que dans le premier moment il s’était demandé s’il ne retournerait pas solliciter de la terre d’exil la pitié généreuse que lui refusait le sol natal.

C’est vers le mariage alors qu’il s’était tourné. Las de la vie isolée, et, en dépit des remontrances de sa sœur aînée, vieille fille aristocrate et autoritaire, il s’était laissé griser par l’ensorcelante magie de dix-huit printemps, d’une paire d’yeux d’un bleu d’azur, d’une bouche rose qui balbutiait : « Je veux bien » quand il suppliait qu’on essayât de l’aimer un