I
En 1914, apparaît dans notre littérature un bizarre personnage : le baron de Charlus, prince des Laumes et autres lieux, de son prénom Palamède, ou plus familièrement Mémé. L’année précédente, on avait bien déjà entrevu sa silhouette dans le premier roman d’un écrivain, alors cher seulement à quelques amis, Marcel Proust, mais c’est dans l’été de 1914, exactement la veille de la mobilisation, dans un fragment du même auteur, publié par la Nouvelle Revue française du 1er août, que cet inquiétant héros fait, cette fois, dans les Lettres, une entrée qu’on peut dire solennelle : vêtu avec une élégance recherchée mais sévère, frappant son pantalon d’une badine, tantôt distrait et hautain, tantôt dardant des œillades profondes et investigatrices sur des inconnus de la plus basse