Page:Port - Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, tome 1.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentant Bézard vide les prisons à Angers et c’est le général Hoche, qui à la tête des deux armées réunies des côtes de Brest et de Cherbourg (fructidor an II) proclame et répand dans les campagnes des promesses écoutées de paix et de sécurité, garanties par un décret solennel d’amnistie (12 frimaire an II-2 décembre 1794). En même temps les dissensions s’enveniment parmi les chefs rebelles. Stofflet, dont les principaux officiers se sont vendus à prix marchandé, accepte après Charette, Sapinaud, Scépeaux, Dieusie, le 2 mai 1795 (13 floréal an III), une pacification qui donne à peine quelques jours de trêve à la malheureuse Vendée. La garde territoriale, qui s’y organise sous ses ordres, livre à de nouvelles misères le pays interdit isolément aux patriotes, aux réfugiés et livré à toute vengeance et à toute exaction, mais que les postes républicains peu à peu enserrent et pénètrent. Sur un mot d’ordre venu d’Angleterre, une levée de Chouans surprend Ingrandes, Craon, Segré (21-22 juillet) mais se disperse impuissante à la nouvelle du désastre de Quiberon. Stofflet, qui hésite et s’attarde, tombe au premier coup de l’épée de Hoche, qui commande l’armée générale de l’Ouest (26 février 1796) et, pendant que Travot met enfin la main sur Charette (23 mai), six colonnes poussent devant elles les bandes épuisées de Scépeaux, qui fait sa soumission le 24 avril avec la plupart de ses lieutenants. — La guerre est finie. — Bernier et d’Autichamp se maintiennent autant seulement qu’il faut pour traiter. Le général Hédouville, qui a remplacé Hoche en octobre 1797 et qui revient encore deux ans plus tard, n’a plus à faire face qu’à un dernier et lointain effort d’une conspiration épuisée. Le 17 septembre 1799 (1er jour complémentaire an VII), James d’Andigné avec 2 000 Chouans, surprend entre Nyoiseau et la forêt d’Ombrée une colonne d’infanterie qu’elle disperse, et le 26 encore tente un heureux coup de main. Le 12 novembre 1799 (21 brumaire an VIII), Bourmont aussi entre à Baugé ; — mais d’Autichamp, Suzannet et Forestier sur la rive gauche s’efforcent en vain de réunir quelques recrues ; et tout ce remuement d’armes n’aboutit qu’à infester les grandes routes de tirailleurs et d’embuscades. Hédouville, installé le 8 novembre 1800 à AngersPacification., proclame l’état de siège et, tout en lançant ses colonnes mobiles à distance, emploie en négociations de paix Mme  de Turpin-Crissé. Une suspension d’hostilités est offerte le 15 novembre par d’Andigné ; le 12 décembre a lieu à Pouancé la réunion des chefs, qui le 17 viennent à Angers même traiter de l’armistice. Mais le gouvernement, issu du coup d’État du 18 brumaire, coupe court aux habiletés des négociations en confiant à Brune le commandement de l’armée de l’Ouest avec des ordres d’action énergique. La paix est signée dès le 19 janvier 1800 à Montfaucon par les Vendéens de la rive gauche et la Chouannerie en est réduite à congédier l’une après l’autre ses bandes. L’Empire est fait.

Pendant ces dix années d’épreuves et d’angoisses, le Maine-et-Loire, le cœur en proie à une horrible guerre civile, reste dans ses parties vives le passage et le refuge de toutes les misères qu’y refoule toute crise, apportant la faim, la terreur et l’exaspération qui les suit. Le 12 août 1793 trois des députés, Leclerc, Pilastre, la Révellière s’étaient retirés, en protestant, de la ConventionOrganisation départementale en l’an III. La Constitution de l’an III rappelle tous trois en faisant entrer au Conseil des Anciens les deux Dandenac, la Révellière, Menuau, Pilastre, — aux Cinq Cents, Delaunay, Lemei- gnan, Talot, Volney, Savary, Leclerc. — Elle supprimait les Districts du Département et constituait auprès de chaque canton renouvelé une administration de municipalité centrale, composée des agents des municipalités de la circonscription. Le nombre