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DES NOMS DE FAMILLE

ils paraissent avoir été inconnus dans les Gaules sous les Mérovingiens, et sous les Carlovingiens ils n’étaient pas encore héréditaires[1].

Les princes bretons portant souvent le même nom propre, on employa des surnoms particuliers pour les distinguer entre eux pendant les viiie, ixe, xe et xie siècles. Ainsi, on trouve dans cette période de notre histoire :

Grallon Meur (grand), Budic Meur, Daniel Dremruz (face rouge),
Grallon Plam (brillant), Budic Castellin, Daniel Unva,
Alain Rébras (trop grand), Alain Barbetorte, Alain Fergent,
Alain Caignard, Alain le Noir,

Il n’est pas certain que ces surnoms leur aient été donnés de leur vivant ; du moins sur les chartes ils ne signent que leur nom de baptême, qui est effectivement le vrai nom de la personne, et, à l’exemple des princes, les évêques ont retenu cette ancienne coutume.

Plusieurs siècles après l’adoption héréditaire des noms de famille, les femmes n’avaient encore que leur nom de baptême, et l’adoption d’un nom de famille n’a pas été générale en Bretagne avant la fin du xive siècle ; sans cela on n’y trouverait pas autant de familles de paysans qui portent les noms de Blois ou de Montfort, sans doute parce que leur auteur s’était trouvé dans les armées de l’un ou de l’autre de ces deux compétiteurs au duché de Bretagne.

Beaucoup de noms primitifs ont été changés par vanité, et parce qu’ils avaient une signification ridicule en français[2], et les familles y ont souvent substitué des noms des terre, ce qui explique pourquoi un si grand nombre de noms patronymiques sont aujourd’hui perdus. D’autres familles ont traduit leur nom du breton en français, comme les Penfeunteniou, les Penhoat, les Iaouancq, les Roué, les Coat, les Traon, qu’on appelle souvent maintenant : Cheffontaines, Chef-du-Bois, le Jeune, le Roi, du Bois, du Val ; d’autres enfin en ont fait des noms hybrides, comme Châteaufur, Chateaumen, Dounval, la Villéllio, au lieu de Castelfur, Castelmen, Traondoun, Kerillio.

Nous avons dit que beaucoup de noms de baptême étaient devenus des noms de famille ; souvent ils ont été précédés d’un radical breton comme Ker, mot qui correspond à celui de ville dans les autres provinces de France. Ainsi les Tanguy, Salaun, Morvan, Roignant, Jean, Pierre, Pol, Derrien, sont devenus des Kertanguy, Kersalaun, Kermorvan, Kerroignant, Kerjean, Kerber, Kerbol, Kerderrien.

Les Châteaubriant, Goasbriant, Guébriant, Kerbriant, Trobriant se nommaient Briant. Les premiers appelèrent château leur habitation ; les suivants élevèrent la leur, soit sur le bord d’un ruisseau (Goas), sur un gué (Gué) ou dans un vallon (Traon ou Tro). Les noms de lieux se sont formés non-seulement par l’adjonction a un nom de baptême des radicaux Castel, Goas, Gué, Guern, Ker, Les, Land, Loc, Plou, Roc’h, Tref, et autres dont nous donnerons en même temps que de ceux-ci la signification ;

  1. D. de Vaines, Dictionnaire Diplomatique.
  2. De nos jours même, la famille Poilvilain a pris lettres à la chancellerie pour s’appeler dorénavant Soivilain.