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DE L’ORIGINE DES ARMOIRIES

ET DE L’ORGANISATION MILITAIRE DE LA BRETAGNE





Si chez tous les peuples et dans tous les temps, il y a eu des figures peintes sur les boucliers et les drapeaux, ces figures n’étaient dans l’origine que des symboles et des emblèmes personnels adoptés arbitrairement. II n’en est pas de même des armoiries, ainsi nommées parce qu’on les représentait généralement sur les armes. Les armoiries, composées d’émaux et de pièces déterminées furent d’abord prises par les seigneurs, et plus tard concédées ou autorisées par les souverains pour la distinction des familles, des communautés et des corporations civiles et religieuses, avec transmission héréditaire et perpétuelle. Jusqu’au XVIe siècle, on les modifiait et on les changeait sans l’agrément des souverains qui ne s’étaient pas encore avisés de réglementer cette matière. Un écusson était la propriété d’une famille, elle le transmettait à une autre avec son nom, comme elle pouvait lui donner sa terre. Les rois de France et nos ducs n’étaient maîtres que de leur écusson propre et je crois que l’intervention ancienne des rois se bornait à concéder leurs fleurs de lys d’or en champ d’azur, et que les concessions ou autorisafions des souverains en fait d’armoiries, ne se trouvent que dans les anoblissements récents.

L’art de décrire les armoiries s’appelle blason ; soit que ce mot dérive, comme le veulent certains armoristes, de l’allemand blasen, qui signifie sonner de la trompe, et par extension publier, faire connaitre ; soit plutôt du mot de la basse latinité blasus, qui désigne une arme de guerre, d’où l’on serait venu à définir par le mot blaso l’ensemble des figures qu’on peignait sur les armes. Aujourd’hui encore, nous employons dans le même sens les termes armes et armoiries, et nous avons nommé écu une monnaie sur laquelle l’écu ou bouclier du prince était frappé avec ses armoiries. On appelle encore le blason art héraldique, parce que l’une des fonctions des hérauts d’armes consistait à blasonner les armoiries des nobles et à en tenir registre.

Les auteurs sont fort partagés sur l’époque où les armoiries furent adoptées. Les uns fixent cette époque au temps des tournois et des croisades ; d’autres qui ont confondu les emblècmes avec les armoiries, les font remonter même jusqu’au dé1uge. Nous pensons qu’il en est des tournois comme des emblèmes et qu’on ne saurait fixer au juste le moment où les tournois se sont établis ; car de tout temps, les peuples ont dû se livrer à des exercices images de la guerre et des combats. Nous ne