Page:Pottier, Jouve - Épître en patois, 1866.pdf/20

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4. Toutes les fois qu’il faut des soldats, nous n’avons pas eu un rebelle. — Il ne faut point de gendarmes ici — Pour faire partir au jour tous ceux qu’on appelle : — Ils s’en vont et ne désertent pas.

5. Nous ne sommes pas bien turbulents, vous le pouvez bien savoir ; — Nous n’avons pas deux procès par an. — Nos con­tributions se paient bien toujours ; — Cette année nous n’a­vons eu qu’un sergent (huissier).

6. Nous ferons peut-être bien de vous dire pour un plus vous plaire, — Ce que c’est (de ce pays) que ce pays, ce que c’est — Que notre façon de vivre qui est extraordinaire. — Nous le dirons dans notre langage.

7. Nous demeurons dans les Vosges et dans un lieu fameux. — Où que ce soit, on le sait bien, — Si ce n’était de Gérardmer, peut-être encore quelque peu Nancy, — La Lorraine ne serait certes rien.

8. Si vous voyiez, Monseigneur, tant de pierres, tant de roches, — (Que parmi cela) Parmi lesquels nous sommes épars, — Et si vous nous voyiez faire un fromage ou des poches, — Oh ! vous seriez certes bien étonnée.

9. Nous faisons notre canton, nous n’avons qu’un curé qu’un maire, — Et nous avons treize sections. — Il faut bien plus d’un jour à ceux—là qui voudront faire — Le tour des dernières maisons.

10. Il en est par-ci par—là, tout au moins six cent douze, — Quelques-unes à deux (heures) lieues de loin. — Presque tout partout (c’est certes une bien mauvaise chose) — Le (lieu) terrain est raide et bien mauvais.

11. On en échappe encore bien aisément, dès qu’on est en été. — Mais dans la neige il fait bien mauvais — Revenir, quel­que peu chargé, à travers les montées. — Il faut pourtant, plaise on non (plaise).

12. Oh ! certes nous sommes plus de mille et nonante—cinq maîtres ; — C’est huit cent septante-deux toits. — Pour le vil­lage il y a trois cent quarante-quatre âtres (feux) ; — C’est deux cent cinquante-six chéseaux (maisons).