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dans toute la république. On évalue le produit de ce commerce à 150,000 francs. » (Statistique de l’an X.)

XVII. Après que la besogne d’été est faite et qu’on chauffe le fourneau en hiver. L’extraction de la poix est ancienne dans les Vosges. Flodoard, au 10e s., dit que les Vosgiens étaient tenus de fournir à l’église de Reims toute la poix nécessaire à l’entretien des vaisseaux où elle gardait ses vins.

XVIII. Les montagnards qui n’ont pas d’indus­trie ou qui manquent d’ouvrage, filent leur quenouille comme les femmes. Nous avons vu deux vieillards qui n’avaient pas d’autre moyen de ga­gner leur vie ; ils filaient à eux deux pour huit sous par jour.

Le mot bohon, hêtre, vient de l’allemand buche. Il y aurait à relever dans cette épître un certain nombre de mots d’origine allemande. Nous citerons prôchè, parler, sprechen ; vodiè , garder, warten ; spéni, privé, spœnen (sevrer) ; seg , scie, scierie, sœge ; hostou, vif, turbulent, hustig ; drohô, à tra­vers, durch (ce dernier terme s’étend jusqu’à Lunéville) ; stôye, étable, stall ; rèhe, riche, reich ; keblar, cuvelier, kübel (cuveau).

XIX. Le salin est le produit brut des cendres de la bruyère, de la fougère, etc., desséchées jusqu’à siccité ; elles sont employées pour faire la soude nécessaire aux verriers. Dans un pays pauvre alors, où la matière première est si abondante, le rapport de cette fabrication était assez considérable. La Statistique de l’an X l’évalue à 100,000 fr. Ce salin, vendu à des négociants de Saint-Dié et de Raon--