Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/153

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La Bourse est le meilleur repaire,
On s’y ménage adroitement
Un télégraphe pour compère,
Pour complice, un gouvernement.

Gobseck grandit, Mandrin s’encroûte ;
Le grand réseau s’organisant,
On volait sur la grande route :
On vole la route à présent !

J’aurai ma bande d’émissaires
Dans ma caisse en parts de lions.
Le jus de toutes les misères
Va se figer en millions.

Sans crier : la bourse ou la vie !
En serrant la vis au travail,
J’aurai de la foule asservie
Bourse en gros et vie en détail.

À mes bals tout Paris se porte.
Un juge y tient de gais propos ;
Le préfet pour garder ma porte,
Met des gardes municipaux.

Mon aïeul crève à la potence ;
Mais dans ce siècle, par bonheur,
Des hommes de notre importance
S’attachent à la croix d’honneur !

Les bois n’offrant plus de ressource,
Ami Cartouche, code en main,
Prends ton embuscade à la Bourse,
Fais-toi banquier de grand chemin !


Paris, 1849.