Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/158

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Drapés dans leur linceul de marbre,
Tes sépulcres, fleuris d’orgueil,
Insultent nos haillons de deuil,
Sur ce sol sans herbe et sans arbre !
Formant un contraste moqueur
Blanches, de perles scintillées,
Tes tombes sont là, maquillées :
La mort y fait la bouche en cœur !

Eh quoi ! n’es-tu pas assouvie,
Toi qui lampas leur sang vermeil !
Aux morts tu voles le soleil
Tout comme s’ils étaient en vie !
Toi qui bâtis sur nos douleurs
Tes palais et ta grandeur fausse,
Vas-tu jalouser à leur fosse,
Un peu de lumière et de fleurs ?

Parmi la classe travailleuse
Combien, femme, enfants, vieillards,
Livrés à tes patrons pillards,
Qui regrettent la mitrailleuse ?
Lequel vaut mieux : courber le dos
Dans l’esclavage où l’on s’agite
Sans dignité, sans pain, sans gîte,
Ou reposer ici ses os ?…

Mais l’indignation s’élève,
Le peuple n’est plus aveuglé
Il sait qu’au pied du mur voilé
Tu voudrais enterrer la grève
Un frisson nous court sous la peau,
La foule qui sent sa détresse