Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/164

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En nous cette foule immolée
Trouve un Panthéon grandissant :
Socrate, Jean Hus, Galilée,
Vivent passés dans notre sang.

Le martyr en son heure aiguë
Meurt dans les spasmes de l’amant ;
Ces ivrognes de la Ciguë
S’en vont soûlés de dévouement ;
Ces demi-dieux et les poètes
Pour l’échafaud n’ont que dédains,
Quand la gloire égrenne leurs têtes
Dans un banquet de Girondins.

Ah ! qu’un chant d’espoir vous soutienne
Nations, marcs pressurés,
Vous que l’exil jette à Cayenne,
Chairs à pressoir, grains torturés
Si le présent n’a pas mémoire,
Dans la coupe de l’avenir,
Versez, versez votre âme à boire.
La grande soif va revenir.

Quand viendra le beau Vendémiaire,
On verra des pressoirs sacrés
Le vin, l’amour et la lumière,
Couler pour tous les altérés ;
Du gibet quittant les insignes,
Jésus déclouant ses bras las,
Au Calvaire planté de vignes ;
Mettra sa croix pour échalas.