Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/168

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— Ils l’ont prouvé depuis ! — Ces ruraux à tous crins
Auraient lâché gaîment quatre Alsaces, six Rhins
Et trente milliards, — enfin des niaiseries, —
Pour remettre un bonhomme aux vieilles Tuileries.
Thiers, l’oracle avorton de ce concile nain,
Médite un coup de force, un vaste Transnonain ;
« Terrorisons, dit-il, la vile multitude !
« La Bourgeoisie a foi dans ma décrépitude ;
« Je sais comme à plat ventre elle accueille un Sauveur :
« je vais être le sien. J’ai conquis la faveur
« Du vote universel, que j’amputai naguère.
« Jouons du spectre rouge et jouons le vulgaire.
« Oui, pêchons le pouvoir dans l’eau trouble et le sang ! »
— Bref la troupe attaqua Montmartre au jour naissant. —

Devant ce guet-apens les âmes n’en font qu’une
Et la grande cité proclame la Commune.

Victoire ! un cri de joie, un immense bravo
S’élève alors du peuple. Un horizon nouveau
S’illumine. Émergeant des brouillards de l’Empire,
De sa honte, on revoit le ciel vaste : on respire !
Des plans d’égalité dans les cerveaux germaient ;
Les bras étaient armés, mais les cœurs désarmaient.
La Commune, ô Justice, affirmait ton principe :
Tous pour chacun, chacun pour tous ; et, comme type
De l’ordre social futur, sur son portail
Biffait : Propriété, pour y graver : Travail.

Oui, Paris t’acclama ! tu venais sur la terre
Débrouiller le chaos
Tu devins le cerveau, l’âme du prolétaire
Et la chair de ses os.

Des penseurs sociaux s’il ignore la lettre,
Le peuple en sent l’esprit.
Quand tu dis : Travailleur, tu n’es rien, tu dois être !
Le Travailleur comprit.