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Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/171

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Oh ! que n’es-tu vivant, grand peintre du radeau
De la Méduse ! Il faut un ciel rouge, un rideau
De feu : la ville à sac, pour vainqueurs : les vandales !
Trente-cinq mille morts exposés sur les dalles
D’une morgue ! — Un convoi de prisonniers partant
Pieds nus pour les pontons ; des beaux fils insultant
Les vaincus en haillons, saignants, et des donzelles
Dans leurs chairs enfonçant le bout de leurs ombrelles.
Dans une apothéose, au loin, le Panthéon
Du crime, et Jules Favre, et Thiers et Mac-Mahon,
Les escarpes d’État, la gouape cléricale,
S’embrassant au milieu des flammes de Bengale ;
Enfin, au dernier plan, les radicaux honteux
Qui s’en lavent les mains ! Commune, ce sont eux
Les coupables… ils t’ont lâchement abjurée.
Que sur un cadre noir l’avenir lise : Entrée
Des Versaillais.

Pourquoi de l’huile sur le feu
Dit Prudhomme, l’ordre est rétabli, grâce à Dieu !
Grâce à Dieu ! vous avez raison, Monsieur Prudhomme !
C’est toujours ce nom-là qu’on jette au nez de l’homme.
Son ordre est le désordre et nous l’avions brisé,
Prenons Dieu sur le fait et jugeons l’accusé.

Grâce à Dieu, l’éternel complice
De tous les exterminateurs,
Grâce à Dieu, préfet de police
Des caffards et des exploiteurs,
Grâce à la sainte Providence
L’ordre moral reprend son pli,
Et tout marche à la décadence :
Grâce à Dieu, l’ordre est rétabli !

Grâce à Dieu, tout rentre dans l’ordre :
La pensée a tari son flux ;
Les chiens enragés pourront mordre,
Ceux qu’ils mordront ne crieront plus.