Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/109

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cieuses évolutions du « mangeur de maringouins ». L’oiseau, parfois, rasait le toit de la Villa puis, disparaissait dans les arbres ; on croyait le voir sortir d’un endroit quand il apparaissait soudainement du côté contraire ; il s’élevait dans l’air comme un trait à une grande hauteur et on le perdait de vue, puis il plongeait tout à coup en flèche jusqu’au ras du sol où il glissait, un instant, comme une ombre ; puis, au-dessus du parterre, il se mettait à exécuter une série de mouvements semi circulaires, des courbes bizarres, et disparaissait ensuite dans la direction du Parc, probablement à la poursuite de ses insectes favoris…

« Eh ! bien, monsieur le Botaniste, dit tout à coup la jeune fille, en brandissant gracieusement son bouquet vers l’instituteur, êtes-vous toujours prêt à soutenir que ces jolies fleurs sont du poison ; là, sérieusement ?… »

— Très sérieusement… ces jolies fleurs, ne vous en déplaise, sont un poison violent pour notre bonne terre ; vous pouvez les aimer pour leur beauté ; nos gens les haïssent car elles font mourir leurs plantes cultivées, celles qui produisent du pain… Ils les traitent comme des ennemies ; ils les arrachent avec colère quand ils les trouvent au milieu d’un champ. Tenez… ces jolis épis verts, au milieu de votre bouquet, c’est du mil sauvage, la sétaire verte ; sa graine est l’une des impuretés communes dans nos champs cultivés ;… Ne caressez pas trop ces petits groupes de fleurs auréolées de ces longs poils roux ; cette branche de petites fleurs qui exhale le parfum de la fève du