Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/118

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terloqué je vous en suis, croyez-moi, très reconnaissant et je veux régler cette dette-là avec vous… avant mon départ pour Montréal… même immédiatement, si vous le voulez… Mais je voudrais savoir, auparavant, s’il ne vous est jamais arrivé dans vos relations avec ma fille, de franchir les bornes de la simple camaraderie … de passage ; je connais ma fille ; elle est sensible et impressionnable ; elle se laisse emporter facilement ; elle s’emballe aux beaux discours qu’on lui fait, mais ce qu’elle vient de me déclarer me permet de croire que ces beaux discours ont eu un effect néfaste… sur son cœur. J’ai choisi pour ma fille, monsieur, celui que notre monde me conseillait de choisir et je viens de lui exprimer clairement que je n’en veux pas d’autres…

Paul répondit :

« J’ai peut-être eu tort d’avoir été trop sensible aux charmes de mademoiselle Davis ; mais je sais, monsieur, qu’il est défendu à un honnête homme d’abuser de la confiance et de l’amitié qu’on peut avoir pour lui. Je ne vous cacherai pas et, au reste, vous le savez, que mademoiselle Davis m’a franchement déclaré son amour et à cela je lui ai exprimé mes scrupules. Notre situation, monsieur, est différente et dussé-je broyer à jamais mon cœur et briser celui de votre fille je n’aurais jamais, par les moyens dont malheureusement vous semblez me croire capable, rendu votre fille coupable de la mésalliance que vous craignez… D’ailleurs, monsieur, vous êtes là, et vous avez pour vous la puissance paternelle à laquelle je n’aurai jamais la témérité de