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XVI


Montréal dissimulait dans la brume une partie de son immensité, ne laissant voir que ses dômes et ses tours émergeant çà et là… Le train filait tout le long du Saint-Laurent et l’on voyait, de l’autre côté, des coteaux boisés semés de maisons blanches et de villas rougeâtres. La verdure était tranquillisante et elle masquait au campagnard qui avait toujours vécu entouré de choses familières et d’impressions très anciennes, l’ossature de pierres sans limite dont l’aspect effraie le nouveau venu.

Depuis qu’il était parti de Québec, Paul Duval avait repassé cent fois dans sa mémoire les péripéties du triste chapitre du livre de sa vie qu’il venait de commencer de vivre. Enfoncé dans le coin d’une banquette, la tête à demie sortie dans la portière, Paul Duval s’amusait au spectacle des paysages changeants que déroulait la fuite du train sur la voie ; on traversait un village, puis, c’était des vallonnements et des bouquets de bois, puis de petites villes barbouillées de suie et surmontées de hautes cheminées d’usines.

Mais rien ne pouvait distraire la pesante mélancolie qui l’avait envahi depuis son départ. Une