Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/171

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face de lui. Sans plus réfléchir, il prit une résolution subite, hardie et téméraire dans les circonstances ; son amour ne souffrant pas de ces dernières, qu’elles fussent de lieu ou de convenance, il saisissait l’occasion qui se présentait miraculeusement à lui dans sa désespérance ; il parlerait à la jeune fille.

Le naïf Paul Duval ignorait le danger des déclarations sincères, son amour l’éloignait de toute réticence calculée et il trouvait dans la franchise précisément l’une des joies de l’amour ; il adorait cette liberté de communiquer à l’aimée les plus secrets sentiments toujours trop heurtés par la grossière mêlée de la vie.

Précieuse et redoutable avec sa puissance consternante, la vérité apparaît rarement dans les actes et dans les propos humains ; elle est timide, fuyante, et se dérobe sous l’esprit des convenances ; mais l’amour, qui soulève dans l’âme les premières énergies, a vite raison de ces scrupules, des usages et des réserves factices. Quand il s’est emparé d’un cœur naïf et neuf aux choses de la passion, il ne peut user de défiance ou de subterfuges à l’égard de l’être aimé ; il rejette les prudentes roueries et les habiletés mesquines.

L’amour de Paul Duval, que nulle arrière-pensée ne refrénait, portait de plus maintenant l’empreinte de la détresse qu’il venait de subir et il ne pouvait que devenir plus spontané en face de son objet. Dans l’anomalie de l’isolement, son cerveau s’était empli d’absurdes idées, de fausses images qui maintenant s’animaient avec la soudaine apparition de la rayon-