Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
L’APPEL DE LA TERRE

apparence de nos vieux petits villages canadiens, Le progrès s’est refusé à entretenir plus longtemps leur caducité. Les maisons ont perdu leur chapeau de « bardeaux de cèdre » couvert de mousse verte, craquelé et bruni par les pluies de l’été et par le soleil, et les chantepleures des aqueducs municipaux ont fait remiser dans les vieux hangars les margelles et les « brinballes » des vieux puits dont quelquefois encore on aperçoit les pierres disjointes des socles antiques…

À l’époque de Paul Duval, qui n’est pas, du reste, très éloignée de nous, les conservateurs des vieilles choses du passé auraient été ravis de découvrir, blotti dans les rochers des bouches saguenayennes, comme un village d’estampe ancienne.

C’était le vieux Tadoussac.

La sensibilité des curieux aurait singulièrement bénéficié des circonstances anciennes ou récentes qui avaient permis à ce village d’échapper aux avatars normaux qu’ont subis, sous le fouet du progrès, ses semblables, les villages égrenés sur les deux rives du fleuve Saint-Laurent…

Mais, depuis, l’inévitable est venu pour Tadoussac aussi et le temps, de ses doigts impitoyables, en modifiant la physionomie des êtres et des choses, a changé le visage du vieux bourg saguenayen.

Par la puissance subtile des mots essayons du moins de fixer un pâle reflet de sa beauté touchante d’antan.