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L’APPEL DE LA TERRE

rations font si souvent leur œuvre de… destruction dans la longueur de deux siècles !… Chaque année, le matin du 28 août, la petite cloche d’airain de la chapelle, vieille d’un siècle de plus que cette dernière, égrène sur les flots, dans le bassin des plaines et jusqu’au sommet des pics une pluie légère de notes sonores ; c’est un pépiement d’oiseau ensommeillé. Mais si léger qu’il soit, le son matutinal réveille les échos de trois siècles de glorieuses missions, et à cette sonnerie cristalline d’un temps si vieux, toute la nature saguenayenne est sensible : les flots du Saguenay descendent moins vite vers le fleuve qui, lui-même, gronde moins fort, aux pieds des falaises : la brise du large souffle plus doucement et tous les arbres qui dégringolent des pics laurentiens assourdissent leur monotone bruissement

Or donc, cette ardente après-midi de fin de juillet, Paul Duval, arrivé, la veille, des Bergeronnes, se livrait à ses rêveries habituelles sous l’ombre des arbres du plateau que l’on appelle aujourd’hui pompeusement le « Parc de Tadoussac ». Toute la baie s’irradiait de feux ardents…

Suave vision des choses du passé !… Comme elle était belle sous cet ardent soleil d’été, la petite baie dont les eaux avaient porté tour à tour les nefs de Cartier, les galions de Pont Gravé, de Chauvin et de Champlain, les barques légères des Basques, les canots d’écorce des indiens !… D’ici sont partis pour les rivages lointains de la Baie d’Hudson ces sublimes