Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/51

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« Nous nous rendrons un jour, mademoiselle, » continua-t-il, « là-bas, au fond des gorges profondes de mon Saguenay, et nous arriverons devant un grand cap si haut qu’à le regarder vous tremblerez du troublant vertige ; c’est le Cap Trinité et je vous conterai sa légende… Non loin d’ici, vers le fleuve, voyez-vous cette pointe bleue dégarnie et au-dessus de laquelle volent de grands oiseaux ? C’est la Pointe-aux-Alouettes ; et là, ce n’est plus de la légende, c’est de l’histoire et je vous en ferai la leçon comme à mes grands élèves de la première classe… Enfin, la petite chapelle dont vous apercevez d’ici la croix fine du clocheton, elle a aussi son histoire et sa légende ; je vous dirai l’une et l’autre. »

Mais Paul s’aperçut subitement qu’il avait devant lui d’autres personnes que la jeune fille aux cheveux d’or ; il rougit légèrement, encore sous le coup de la double émotion causée, d’une part, par l’évocation de l’histoire de son Saguenay et, d’autre part, par l’apparition, dans sa pauvre salle, d’une couronne de cheveux blonds, il se tourna vers M. Davis et conclut :

« Merci, monsieur de vouloir connaître notre pays pour l’aimer plus ensuite. »

Les visiteurs se préparaient à se retirer.

« Alors, monsieur, c’est entendu, » ne put s’empêcher de dire la jeune fille, « vous serez notre guide et aussi notre professeur d’histoire… Il faut nous pardonner ; voyez-vous, nous sommes de pauvres