Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/58

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C’était madame Davis qui, vêtue d’un long peignoir à grandes fleurs bleues, courait de plate-bande en plate-bande, cueillant un bouquet varié à souhait.

« Personne, ici… n’ose s’ennuyer, maman, » répondit la jeune fille en souriant.

— Tiens ! voici un mimosa qui languit : il a eu trop chaud, il faudra l’arroser.

Et, madame Davis, laissant la fleur languissante sur sa tige, courut en cueillir une autre qui rayonnait et qu’elle ajouta à sa gerbe.

« Toutes ces fleurs sont bien capricieuses, » remarqua Blanche.

— Jeune fleur… jeune fille, riposta malicieusement madame Davis en agitant avec grâce vers sa fille une éclatante trémière… Et, à propos, quel va être le caprice de la journée ?

— Une longue, très longue promenade sur la route, dans le village, à l’Anse à l’Eau, dans le parc ou dans la montagne, n’importe où, pourvu que l’on marche et que l’on respire le grand air… Il y a trop d’arbres, ici, et l’air du large ne pénètre pas. On étouffe.

— Mais rien de plus simple, ma chérie, répondit madame Davis ; ton père t’accompagnera, à moins que tu ne préfères M. Vandry.

— Oh ! non, fit vivement la jeune fille. Papa viendra avec moi.

Une heure après, en effet, monsieur Davis et sa fille se dirigeaient vers la montagne, en arrière du village. C’est une superposition de rochers abrupts qui dégringolent jusques dans le Saguenay ; il y a dans les