Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/92

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sais le corps de leur Père. Ils posaient leur bouche au-dessus d’une petite ouverture qui avait été pratiquée dans le parquet du chœur et ils parlaient au père comme ils faisaient au temps qu’il vivait, avec une naive confiance qui ne pouvait manquer de toucher Dieu, puis, ils appliquaient une oreille sur l’orifice pour écouter la réponse du saint. Dans leur foi simple et ingénue, ils s’imaginaient que le père les entendait au fond de sa tombe et qu’il répondait à leurs demandes qu’il avait transmises à Dieu.

Blanche aurait voulu faire comme ces naïfs enfants des bois saguenayens. Que de choses, en ce moment, elle aurait demandées au « saint des sauvages » et comme elle eut souhaité être exaucée…

Après la messe, Blanche demanda à l’instituteur de raconter à ses parents la légende du Père LaBrosse ; cela, disait-elle, compléterait le pieux pèlerinage sur sa tombe. Paul se prêta volontiers à la requête de la jeune fille appuyée par monsieur et madame Davis et même par Gaston Vandry visiblement mystique, ce matin-là.

On était au bord du plateau où s’élève la chapelle…

Maintenant, le soleil déjà chaud faisait resplendir la mer que l’on eût dit de feu. Le village tout à fait éveillé bruisait de tous les sons accoutumés du matin ; cocoricos des chanteclercs encore enroués par l’humidité de la nuit, roulement d’une charrette sur la route, piaillements des volailles… Aux pieds de la montagne, un chien jappe à un oiseau et son maître l’appelle avec autorité…