Page:Potvin - La Rivière-à-Mars, 1934.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
LA RIVIÈRE-À-MARS

la maison, les doléances coutumières en ces circonstances :

— Pauvre petit Arthur, lui qui était si plein de vie, le v’là donc mort ! Mon Dieu, ce qu’on est peu quand même !

— Pas grand’chose, c’est vrai, entre les mains du grand Maître d’en haut. On fait des projets pour l’avenir et, crac ! un pied qui glisse, et tout s’en va dans le courant.

— Oui, oui, murmurait Alexis Picoté parmi ceux qui cherchaient à le consoler, crac ! tout est fini. Et on reste là, hébété, sans ambition pour vivre encore. On traîne des projets raides morts, comme la truite au bout de la ligne de mon petit Arthur.

Et le père Alexis s’approchait de l’enfant, revêtu de son habillement de première communion. Ses mains jointes étreignaient un gros crucifix jaune, avec autant de fermeté qu’elles serraient quelques heures auparavant cette canne de pêche secouant une truite. Sa figure était sérieuse, mais quand on la regardait fixement, un sourire paraissait y voltiger.

Déjà les hommes s’empressaient derechef de