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LA RIVIÈRE-À-MARS

aussi ses héroïsmes. Sous prétexte d’aller voir Jeanne, l’aîné des Maltais se rendait maintenant presque tous les dimanches à Chicoutimi. Le lendemain de ces voyages, naturellement, il était fatigué et se reposait. De sorte que, plus que jamais, Alexis Picoté travaillait seul sur la terre.

Non, pas seul : le plus souvent sa pauvre femme l’assistait, trop courageuse et trop geignarde. Au printemps quand Pierre était absent, c’est elle qui touchait les chevaux au labour. Elle hersait même avec le Blond qui était commode. Elle fanait à la suite des faucheurs. Elle coupait à la petite faucille pendant la récolte des grains et il n’y avait personne comme elle, affirmait Alexis Picoté, pour tresser des liens solides aux gerbes de blé et d’avoine. Elle aidait même son homme, le printemps, à réparer les haies de pieux de cèdre, et si Alexis Picoté avait eu encore de la terre neuve à faire sur son lot, sa femme, il en était sûr, ne se serait pas contentée de ramasser des copeaux à la suite des essoucheurs. Et il y avait en outre les travaux du ménage, et l’industrie familiale à la maison, où le métier à tisser la toile et