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LA RIVIÈRE-À-MARS

blés, plus droits sur leurs tiges, ne frémirent plus. La campagne parut s’endormir dans sa langueur de parturiente. Cela ne pouvait convenir longtemps au mioche qui demanda bientôt à descendre de son perchoir.

Assis maintenant dans l’herbe du talus, l’enfant arrachait un à un des brins de mil, de trèfle d’odeur ou d’autres plantes, qu’il présentait au grand-père :

— Quoi c’est, ça, pépére ? Quoi c’est, ça, pépére ?

Et chaque fois que ses menottes approchaient, peut-être par taquinerie, une tige de blé, il se redressait vivement et se disait tout haut à lui-même :

— Non, Paulo ! Pas faire mal au blé !

— C’est ça, mon petit. Faut pas faire de mal au blé !

Et le gazouillis du bambin accompagné en sourdine par le bruissement de la pointe barbue des épis lui chantait doucement dans l’oreille, étouffait la voix coléreuse et qu’il ne percevait plus des rapides assez proches de l’embouchure de la