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LE FRANÇAIS


VIII


À un mille et demi environ du village de Ville-Marie, allant devers Fabre, l’on aperçoit la nappe calme et transparente du petit lac Laperrière. Il est petit, rond, mais vu de loin, tirant un peu sur l’ovale comme un grand verre de lunette. Il repose au fond d’une large coulée et des bandes de prairie s’étendent alentour. Une bordure circulaire de pins, de bouleaux et de trembles l’enserre ; encore que ces arbres aient conservé leurs troncs droits, ils penchent leurs frondaisons au-dessus du petit lac comme pour le protéger des grands souffles qui viennent des hauteurs et dont leurs cimes, légèrement écrasées, ont été seules, les victimes.

D’où viennent les eaux du petit lac Laperrière ? Personne ne peut le dire. Aucun ruisseau visible descendant des collines ne s’y décharge, ni aucune fontinette ne paraît l’alimenter. L’on ignore pareillement comment il se débarrasse de son eau trop vieille pour recevoir la fraîche. Quoi qu’il en soit, cette eau du petit lac, sans cesse entretenue, constamment renouvelée, sans doute, il faut le croire, par des courants souterrains, se maintient en toute saison au même niveau. Sur ses bords frais, jusqu’aux gelées, l’on voit nager, nombreuses, les grosses pommes jaunes des nénuphars d’Amérique.